Un peu de Culture...





Pour les passionnés d'histoire, 
Dans le cadre des Fêtes Médiévales, 
Martine Bourdariès 
vous fera découvrir ou redécouvrir Rabastens 
Samedi 2 et Dimanche 3 à 15h00.
Départ, devant la mairie


Martine Bourdariès est la grande spécialiste de l'histoire du Rabastinois. Responsable du fort beau musée de la ville, elle est aussi guide touristique et connaît chaque pierre, chaque faille, chaque tourment de notre belle ville de Rabastens





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Non, ce n'est pas un gros mot! mais plutôt une question pour le jeu des 1000 francs... 
Et bien c'est la science des cépages! 

Et Robert Plageoles  a une passion pour l'ampélographie... passion tellement poussée qu'elle se double aujourd'hui d'un travail d'historien. Il est une figure du Gaillac et, tout simplement, une figure du vin en France. 


Pendant les Journées médiévales de Rabastens 
Robert Plageoles 
nous fait le grand honneur de venir animer sa conférence  
« Les cépages ancestraux du gaillacois » 

samedi 2 juillet à 16h00 
dans la Halle de Rabastens

Il fera aussi un p'tit tour sur notre exposition vente de livre pour  dédicacé ses ouvrages.

Puisque nous parlons de conférence : 



Le Dimanche 3 juillet à 10h30
dans la Halle de Rabastens,
Gwendoline Hancke
nous fait l'amitié de nous présenter une conférence sur
"Les Femmes Nobles Cathares"

"Au début du XIIIe siècle, les femmes cathares – les Bonnes Chrétiennes – mènent une vie quasi-monastique dans leurs petites communautés religieuses.
Ces maisons sont des véritables épicentres de la vie religieuse et sociale au sein de l’Eglise cathare. Ouvertes sur le monde, elles représentent des lieux de culte et de rencontre, mais aussi des ateliers, pensionnats, auberges et hôpitaux.
Les religieuses, théoriquement membres du clergé cathare à part entière et au même titre que les hommes, mènent une vie régulière, rythmée par le travail, les prières, les jeûnes et la bénédiction du pain. Toutefois, le catharisme, bien que sans fondement théorique d’une inégalité des sexes devant le sacré, ne se libère pas entièrement des conceptions de son époque et n’accorde aux femmes qu’une égalité partielle.
Aussi, dans la pratique, les tâches sacerdotales restent largement dans le domaine de la hiérarchie ecclésiastique, réservée aux hommes, et ne sont pas du tout ou très peu exercées par les Bonnes Chrétiennes."


Gwendoline Hancke
(docteur en histoire médiévale et titulaire d’un Magister Artium en philologie romane et en sciences annexes de l’histoire) est spécialiste du catharisme, de la vie féminine et de la société nobiliaire languedociennes au XIIIe siècle et auteur de plusieurs livres autour de ces sujets. Elle sera également présente sur notre exposition vente de livre pour dédicacer ses ouvrages.


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De tout temps les hommes ont du se nourrir et ont peu à peu élaborer moult recettes, et bien sur le Moyen Âge ne fait pas exception. Intéressons nous un peu à la cuisine médiévale. Dans notre petite équipe, c'est Anne Sicard qui s'est penchée sur le question et qui vous propose de partager ces quelques compositions :



"Après le XIIIème siècle, les sources dont nous disposons sont des ouvrages de maîtres-queux réputés tels que le "Livre Fort Excellent de Cuisine", le fameux "Viandier" de Taillevent qui est le plus célèbre, ou le "Ménagier de Paris", le plus amusant car il contient tout un art de vivre.


il faut savoir qu'en fait, du XIème au XVème siècle, il y a moins de dissemblance entre l'alimentation populaire, celle des classes moyennes ou même celle des seigneurs qu'il n'y en aura au siècle de Louis XIV... Dans le Roman de Renart, il est souvent question de paysans se nourrissant de bons pâtés de chair ou de poisson, de chapelets de saucisses ou de cervelas suspendus dans l'âtre.
Quand on parle de "viandes", c'est pour designer tout nourriture substantielle, c'est pourquoi le "Viandier", nommé plus haut, n'annonce pas un livre sur la chair des animaux mais un manuel de cuisine générale ; le terme "racines" est utilisé pour parler de tout ce qui pousse dans la terre, par exemple carottes, navets, raves et radis ; les "herbes" désignent au Moyen Âge des plantes potagères comme le persil, le thym, la sarriette, les ciboulettes ou la sauge ; les très nombreux "potages" quant à eux sont des viandes cuites avec des légumes dans des pots (d'où leur nom).
On faisait grande consommation de pâtés de volailles, de poissons, d'abats ou de légumes car ils présentaient un grand avantage, celui d'être mangés sans difficulté malgré l'absence de fourchettes... On n'utilisait à table que le couteau et la "cuiller".
On consommait beaucoup de sel et de nombreuses épices provenant d'Espagne (sous domination arabe) ou du Moyen Orient (rapportées par les Croisés). Le sucre, appelé sel indien, était surtout employé en pharmacopée et toute la pâtisserie était faite au miel."


Anne vous propose quelques recettes que vous pourrez tester :


Chausson de pommes, figues, raisins et épices :


Cette recette de cuisine médiévale nous provient de "Viandier de Taillevent"
  • Pâte brisée : 500g de farine, 1 oeuf, 180g de beurre, 10g de sel, de l'eau
  • 1kg net de pommes acidulées
  • 120g de figues
  • 80g de raisins secs
  • 1 oignon
  • 1 cuillère à soupe de vin
  • 70g de sucre
  • 1/2 cuillère à café de cannelle
  • 1/2 cuillère à café de muscade
  • 1 pointe de clou de girofle
  • 2 pincées de safran
  • 1 pincée de sel
Faites la pâte brisée. Mélangez les pommes, pelées et coupées en morceaux, avec les figues hachées en petits morceaux et les raisins secs.
Ajoutez l'oignon émincé frit au beurre ou à l'huile et déglacé au vin. Saupoudrez de sucre mélangé aux épices (safran, cannelle, muscade, clou de girofle pilé)
Garnissez bien épais le chausson. Dorez de safran. La cuisson est de 45 min à four chaud (Thermostat 7-8 ou 240°C)


Oeufs farcis
  • 9 oeufs
  • 60g de comté râpé
  • 1 bouquet de marjolaine ou d'origan frais (ou quelques pincés de feuilles séchées)
  • 6 ou 7 filaments de safran
  • 2 pincées de clou de girofle en poudre
  • sel
  • 100g de saindoux ou de beurre
  • 15cl de verjus (à remplacer par 7,5cl de vinaigre de cidre + 7,5cl d'eau)
Dans un saladier, écrasez les jaunes avec un oeuf cru, incorporez le fromage, la marjolaine et les épices. Salez. Bien écraser la préparation à la fourchette afin qu'elle soit homogène.
Façonnez des formes afin de garnir les demi-blancs d'oeufs durs.
Faites chauffer la matière grasse dans une poêle et faites y frire les oeufs farcis.
Avant de servir, garnir de verjus. On peut adapter la recette en mettant le beurre fondu au fond d'un plat et en passant le tout au four.
Cette recette s'accommode très bien d'une petite purée d'oseille ou d'épinards.


Bon appétit!



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La Femme Cathare au XIIIème siecle par Louis MARTY 

L’homme médiéval se meut dans un univers de signes. Sa religiosité concrète lui fait voir en ce monde, centre de la création, un champ d’intervention divine.
Il a placé des croix, marque de son dieu, à la limite de son champ, et sur la pierre levée des anciens païens qui dérangent sa campagne. Ainsi le diable se gardera t’il d’y laisser l’empreinte de son sabot fourchu.
Il prie son dieu à deux genoux, les yeux tournés vers l’autel consacré par le seigneur évêque, au beau milieu du chœur de la petite église, qui indique la direction de l’orient et de la terre sainte. 
Si sa récolte est bonne, c’est que dieu lui sourit, et que les processions dans les chemins creux lui ont été agréables. C’est que tout le village vit dans la paix des mœurs et le labeur.
La maladie du corps est signe d’une corruption de l’âme. L’intercession des saints, l’eau bénite et les cierges, les prières et les repentances, obtiendront peut être de Dieu grâce et rémission et guérison.
Dieu se penche indéfiniment sur sa création, distribue à ses créatures messages, punitions, avertissements. Son bon vouloir s’exprime par les miracles, ses avis par le jugement de dieu.
L’homme sait que dieu dessine dans le ciel, des signes : les comètes présagent des épreuves hors du commun, une guerre, une famine. Un jour les signes se feront plus dramatiques, comme l’annoncent les saintes prophéties : ce sera la fin des temps.
L’homme chemine, entre la grêle, la colère divine et la hantise du salut, sous l’angoisse de la damnation éternelle. Dans la forêt des symboles, des images et des chiffres qui lui sont repères du sacré sur cette terre, il s’avance en comptant ses pas. Il se dirige vers l’église de son village, encore et toujours, songe qu’au bout des mains des prêtres, le pain de l’eucharistie se fera corps divin, que dans le tabernacle, présent, rassurant, menaçant son dieu veille. L’homme médiéval, le chevalier, le laboureur , la veuve, la bergère ou le chanoine, vit dans les mains ou sous le regard de dieu.

Sauf le chrétien , ou la chrétienne Cathare.
Ils sont là, souriants, ironisent des superstitions des croyants et des clercs de l’église romaine, et répondent que dieu n’a pas à se préoccuper des inconséquences de se bas monde, dont Satan est le prince. Pour eux, dieu est ailleurs, dans son éternité, dans la lumière du bien et de l’amour.
 Eux, ils n’ont jamais fixé un crucifix de bois ni un autel de pierre, jamais ils ne se sont signés en écoutant tonner le tonnerre, ils n’ont jamais prié la vierge de guérir un des leurs.

En plein cœur du X III siècle, en pays occitan, toute la population médiévale d’hommes et de femmes tendent à récuser ce modèle chrétien dominant……

Dans ce pays occitan, le comté de Toulouse, celui de Foix, la Vicomté de Carcassonne et de Béziers, la vie est agréable par rapport au reste de l’europe. La paix règne, sauf les petites guerre entre seigneurs locaux, les productions agricoles sont suffisantes, dans les villes le commerce est florissant ; les échanges avec l’Espagne sous domination Maures sont sans problèmes, les juifs occupent des postes jusqu’auprès de Raymond de St Gilles, VI comte de Toulouse. Par rapport à ce qui deviendra la France, la civilisation Occitane est à son apogée.
Evidemment, la société est religieuse, chrétienne. La libre pensée est inconcevable au temps des cathédrales et des églises de pierres et de briques. L’athéisme rarissime pour ne pas dire inexistant. Cette société est chrétienne jusque dans ses abus, dans ses manques, sa justice et ses injustices. Les autorités ce sont les saintes écritures.

Traditionnellement, cette église se voue au mépris du monde et de la chair, prône pour ses clercs, et ses élites spirituelles un idéal d’ascèse et de pureté absolue. Seul le détachement, du désir sexuel et la virginité bien mieux que la simple chasteté, peuvent assurer en perfection morale le chemin vers Dieu.
La femme est considérée comme l’agent de la faute pour l’homme. Depuis Eve , elle est tentatrice, libidineuse, au service du malin, elle cherche à détourner l’homme de son chemin vers Dieu.
C’est qu’en effet dans cette tradition chrétienne sans âge, la femme est une créature un peu moins parfaite que l’homme : l’homme a été crée à l’image de dieu, mais la femme seulement à sa ressemblance ? De par sa nature, la femme est un être faible, inconsistant, inconstant ; elle est obsédée de luxure et de désir charnel. Indolente, porté aux plaisirs des sens, la femme représente un danger pour l’homme qui veut faire son salut.
C’est dans cet esprit que le mépris du monde, le mépris de la chair selon la théologie catholique la plus élevée, c’est le mépris de la chair de la femme.
Pour maintenir la faible, inconstante et dangereuse créature dans les bornes et dans les normes, il était bien sur que de la recommander à la sollicitude de l’autorité masculine.
Le processus  d’élaboration du mariage chrétien, du mariage sacrement, mènera de pair des perspectives de régulation de la sexualité et de la société. Mariage indissoluble, béni par le prêtre, et consacré par dieu, sur la base de la soumission de l’épouse à l’époux, de la femme à l’homme.
La femme doit soumission et obéissance à son mari ; en contrepartie de quoi ce lui ci lui concède, son devoir conjugal, unilatéral puisque il est bien connu que la femme seule est dévorée d’appétits charnels. Le mari est donc tenu, par le mariage de répondre à la demande de son épouse, mais dans un strict but de procréation, le plaisir étant considéré comme un pêché, et en plus dans le cadre étroit des jours autorisés encore. Il est en effet tenu pour sacrilège de s’unir charnellement à son épouse durant le carême et l’ensemble des fêtes religieuses, et tout autant déconseillé de le faire lorsque qu’elle est enceinte ou qu’elle allaite.
Pour distraire l’épouse chrétienne de l’obsession de la chair qui est considéré comme de nature féminine, des bavardages et des menues futilités de son sexe, il  est bon de la tenir tous les jours occupées, les mains à la quenouille, brodant, cousant, rapetassant, même dans la bonne société qui n’a pas besoin de travail féminin pour prospérer.
Les pratiques contraceptives et les potions abortives, bien sur sont interdites. Dans ce domaine, la main du diable est visible aux yeux éclairé des canonistes. Le mariage n’a pas pour fondement la concupiscence charnelle, mais le simple devoir de procréation. Saint Jérôme disait déjà que trop aimer sa femme était un pêché aussi grave que l’adultère.
Il est vrai que le sacrement du mariage, comme le célibat des prêtres ne remonte qu’au XII siècle.

Les hérésies du XI et XII siècle, tout comme le catharisme ont en effet le propre de ne pas rejeter la femme dans le mépris, mais bien au contraire de l’accueillir dans un rêve commun
 d’abolir toute sexualité, toute différenciation, en retrouvant la pureté des êtres célestes, les relation d’amour des purs esprits. C’est pourtant l’égale, la sœur que recherchait en la femme le fou de dieu du XI siècle. Nous sommes à la racine de l’amour courtois.
Au lendemain de la réforme grégorienne, les hérétiques, refusèrent le mariage-sacrement : ils s’élevèrent contre ce sacrilège qu’il y avait, selon eux, à revêtir d’une apparence de religion l’acte purement charnel et profane de l’union matrimoniale. Ils clamèrent bien haut que mariage, adultère, inceste n’était qu’un seul et même péché ; que la sacralisation du mariage était un leurre et que les clers n’avaient pas à bénir l’union des corps qui est immanquablement souillure. Les cathares s’inscriront, dans cette tradition.

Etre imparfait selon la théologie de la tradition catholique qui lui interdit l’accès au sacerdoce, personne mineure selon le droit canonique qui la soumet à l’autorité et à la protection masculine, la femme médiévale reprend existence en droit coutumier, c’est à dire dans la société civile et laïque ou sa capacité juridique se révèle pleine et entière et la laisse exister à coté des hommes. Il est évident que nous parlons uniquement dans le Languedoc actuel.
Dans ces régions, la femme subit un état de subordination par rapport à l’homme : elle est moins instruite que lui, au mariage elle prend son nom, le droit public ne la connaît pas, elle est exclue de toutes les charges publiques. Mais selon le droit privé, elle est indépendante et peut disposer d’elle même.
Majeure à douze ans, son frère à quatorze, elle se marie relativement tôt, en moyenne vers dix huit ans. Son époux est généralement plus âgé qu’elle. Il est couramment un homme d’environs trente à quarante ans. Cette différence d’âge ex plique en partie le nombre de veuves que l’on rencontrent dans les actes et dans les textes de l’époque.

Jeune fille, elle hérite à la mort du père au même titre que ses frères ; par contre si elle est déjà mariée, on considère généralement qu’elle n’a plus à prétendre au patrimoine familial et que la dot qu’elle a reçue au moment du mariage lui tient lieu de part. Si elle est majeure au moment ou elle hérite, elle peut être propriétaire aussi bien qu’un homme que ce soit en droit romain ou en droit féodal.
Elle peut alors disposer de ses biens par testament, commercer, vendre ou emprunter, se porter caution, faire des saisies immobilières et même exercer la contrainte par corps comme n’importe quel créancier mâle de Toulouse. Elle a également le droit de pratiquer tous les métiers dans le commerce et l’artisanat.
Ce droit coutumier est à l’origine de l’émiettement de la société féodale occitane, car quand un seigneur décède, le droit d’aînesse n’étant pas reconnu, tous les enfants se partagent les terres et le droit, filles comprises, selon la coutume familiale, d’ou l’origine de l’institution des coseigneurs et des coseigneuresses, caractéristique de la société occitane avant la conquête française.
Malgré tout, les hommes se plaignent du démantèlement du patrimoine familial qui ruine la famille nantie ou modeste, mais la dot protége la femme, telle est sa fonction.
Ces biens qui lui sont propres, et lui viennent de sa famille, la femme après son mariage peut les administrer personnellement, sans le contrôle de son mari, qui ne peut même pas dilapider sa dot sans son accord exprès. Veuve elle y ajoutera la donation au mariage qui lui vient de son époux et de sa belle famille. A la mort de son mari, elle récupère sa dot et elle est prioritaire par rapport aux créanciers.
Toutefois des sanctions civiles peuvent pourtant priver la femme de sa sacro –sainte dot, et ce bien sur au manquement le plus grave religieux et civil : l’adultère. La coutume civile Toulousaine, se montre en fait cruellement sévère : la malheureuse doit subir, le fouet, la tonsure et la réclusion dans un monastère, au bon vouloir du mari.
Il a le droit de battre sa femme, mais pas de la tuer, toutefois, il peut bénéficier d’une excuse dans le cas ou les deux complices font mine de résister.
Si tout se passe sans effusion de sang, il demeure, après les punitions d’usage que tombe la sanction finale, la privation de la dot pour l’infidèle.
 Notons qu’en cas d’infidélité de l’époux, il n’est pas punissable, que ce soit dans le cas d’une relation simple avec une femme marié ou non, à son domicile ou ailleurs, ni même s’il est pris en flagrant délit.
A la mort du mari, l’épouse se voit désignée comme chef de famille et maîtresse de la maison jusqu'à la majorité de ses enfants. Mais ce sont les enfants qui à la majorité hériteront, et dans le cas ou ils disparaissent, elle est écarté de sa propre succession ; la coutume fera choisir le plus proche parent de leur père. La femme survivante n’aura comme protection que sa dot et ce système fonctionne assez bien dans l’ensemble.
Souvent ces femmes ont du mal à vivre, et se joignent à la foule des femmes veuves qui en semi pauvreté, ou aux joies douteuses du remariage, préfèrent la vie en religion et deviennent parfaites.
 
Quand une dame entrait en religion, quand elle se faisait bonne chrétienne, qu’elle abandonnait tous se biens pour sauver son âme, elle en amenait une bonne part à l’église. Elle quittait son mari, ses amants, ses enfants, pour se consacrer à sa vie religieuse.
Il est certain, que le catharisme répondait mieux, que l’église catholique, à l’aspiration des femmes à l’aventure spirituelle. L’égalité des âmes et  l’unicité du << consolament >> Rien ne distinguait en théorie, un ordonné, d’une ordonnée, d’un bon homme d’une bonne femme.
La bonne dame était libéré du mal, tout le monde devait s’incliner trois fois devant, simple paysan ou chevalier. Elle avait le droit de prêcher, elle avait le droit de conférer le sacrement qu’elle avait reçu.
 Moins obscure et silencieuse que la moniale catholique, elle vivait en communautés ouvertes sur le monde, recevait des visites, se rendait avec une compagne chez des parents, des amis, des alliés. On la respectait, on l’écoutait, elle restait l’aïeule, la mère, la tante, l’amie.
Contrairement aux hommes, elle ne prêche guère, ne console pas, du moins avant la croisade, elle reste sédentaire dans le travail et la prière.
Son rôle est celui traditionnellement de mère, d’épouse, de protectrice, de parente vénérée : c’est la prise en charge de l’éducation spirituelle et religieuse de sa famille, de tout le lignage dont elle devient la directrice de conscience.
Dans la maison communautaire, elle s’occupe de ses petits enfants, et souvent a entraîné avec elle la plus jeune de ses filles pas encore mariée.
La maison communautaire des bonnes femmes restent un lieu exemplaire, lieu de vie de femmes entre femmes, tout d’abord, et économiquement indépendante puisque la vie de toutes est assurée par la travail de toutes, elle regroupe des éléments de tout âge et de toutes origines sociales.
A Casseneuil, en Agenais, la croisade en 1209 alluma son premier bûcher, et ce qui frappa l’imagination, ce fut la présence parmis les hérétiques de dames de la haute société, et non de simples femmes crédules vite abusées.
La maison cathare peut constituer aussi le refuge de la mal mariée, l’expédient de la famille ruinée pour placer ses filles sans dot, également celui d’un seigneur qui veut se débarrasser de sa femme qui ne lui plait plus.
Cellule de vie autonome, ou l’orpheline du forgeron, la veuve du tisserand et celle du chevalier, se partageaient labeur et enseignement religieux, la maison des bonnes femmes constituait une pépinière de novices ou de bonnes croyantes, qui assurait la bonne assisse sociale de leur église.
Les grandes matriarches nobles qui tenaient les maisons, avaient la satisfaction, de jouer un rôle marquant auprès de leurs compagnes, comme auprès de leurs anciennes relations, de leur monde, de leur parentèle qui venaient les visiter. Les plus humbles religieuses, celles de pouvoir vivre indépendantes de toute tutelle masculine, paternelle, fraternelle, maritale si elles le désiraient, et de toute façon d’assurer leur salut, sans se couper du monde plus sûrement que dans un couvent catholique.
Même si la religieuse cathare n’eut jamais accès à la hiérarchie de son église, elle tient un rôle social et spirituel sans commune mesure avec celui de la moniale catholique.

En cette fin du XII siècle, qui a vu l’ouverture de maisons cathares, et l’adhésion de tant de femmes de la grande et petite noblesse au christianisme spiritualiste des bons hommes, le grand mouvement qui ébranle l’église dominante, témoigne un peu partout de la prise de conscience, de la prise de parole, d’une demande et d’une présence active des femmes.
Le catharisme n’est pas un phénomène isolé, n’est pas inexplicable, ce n’est pas un  hasard si les femmes vaudoises prêchaient le long des chemins, si plus tard des femmes plus humbles se font béguines et brûlent de l’idéal franciscains, avant de brûler sur les bûcher de Rome.

Les cendres du bûcher de Monségur se sont depuis longtemps refroidies, et avec elles les derniers cathares. Malgré cela  cette période a été un souffle de liberté au niveau des croyances et des tolérances, vite réprimé par l’église de Rome qui ne pouvait pas tolérer la remise en cause de la société telle qu’elle la concevait, c’est à dire avec le pouvoir temporel à ses ordres, et une église catholique toute puissante.
L’inquisition durera un siècle et avec elle la destruction de toute une civilisation, qui avait apporté dans le pays une renaissance au niveau des mœurs et des idées. A la mort du dernier comte, Raimond VII en 1249, le pays sera rattaché au royaume de France, et se sera fini de cette civilisation. L’histoire du catharisme, c’est l’histoire de toute une société, une culture, une civilisation, un peuple.

Le 03 03 2011.

Louis Marty.


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Les Troubadours par Louis MARTY 
 Parler de la femme médiévale, sans parler des troubadours, ce serait s’exprimer sur le vin sans raconter la vigne.
La poésie des troubadours, c’est la renaissance de l’occident après la nuit du haut Moyen Age.
C’est une nouvelle façon de parler de s’exprimer, de chanter qui monte ainsi vers les cours, des grands seigneurs. De l’intérieur même d’une société pétrie de christianisme, cette culture se proclame profane, puisque les troubadours mettent en musique et en vers le bel amour qui fait chanter leur cœur, et les rend désormais dévots d’une dame bien charnelle. Naissance discrète d’une culture laïque subjective, héritière et concurrente de la culture cléricale.

On a pu en dénombrer 460 depuis l’an 1100 environs jusqu'à la fin du XIII siècle. Après ce ne sera  que de imitations conventionnelles  à l’exemple de Gaston Phébus qui sera le dernier à écrire.
La littérature des troubadours est occitane par la langue, et aussi par l’origine des auteurs. Les quelques uns ayant vécus dans d’autres régions ont employé eux  aussi la langue d’oc.
Les trouvères qui sont des troubadours de langue d’oïl ( Français ) sont beaucoup moins nombreux : une quarantaine et apparaissent quelques dizaines d’années plus tard.
Le thème littéraire le plus dominant est l’amour. Tout le monde le sait.
Mais ils en sont arrivés très vite à exprimer une conception si neuve que l’on a pu dire que l’amour était une invention du 12° siècle.
La femme n’est plus considérée comme inférieure à l’homme, elle n’est plus l’objet que l’on chasse ou que l’on vole.
Ils chantent un amour libéré, comme on dirait aujourd hui un amour adultère, mais ce n’est pas seulement cela, ils chantent aussi l‘amour platonique, l’amour courtois et l’amour mystique.
Pendant la croisade, ils chantent également des sirventès. Les sirventès peuvent être des critique de la société, des mœurs du temps et de la nature humaine. Mais ce sont souvent des poèmes politiques extrêmement violents qui sont adressé aux << Françés >> qui ont envahis le pays.

Mars 2011.

Louis Marty.